Faire naitre le positif du négatif

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Depuis bientôt un an maintenant, explorer différemment l’art immense qu’est la photographie m’est apparu comme une criante nécessité. Après quatorze années passées à capturer le monde en le figeant dans d'innombrables pixels, j’ai ressenti comme un vide, comme s’il manquait à ma pratique un pan entier d’un art qui grandi bien trop vite. Lorsque je prend une photographie, c’est un moment de détente, suspendu hors du temps où tout est permis, où l’expérimentation et la créativité est sans limites et où l’erreur n’a que peu d’importance.

Pourtant, cette liberté totale semble m’éloigner d’un élément central de cette pratique, d’une philosophie estompée par les écran. Si tout est permis et que je peux recommencer à l’infini, ma photographie est-elle vraiment impactante? A-t-elle vraiment la valeur que j’ai souhaitez lui donner, ou que j’ai ressenti en la prenant? Et par dessus tout, suis-je vraiment totalement présent et investi lorsque je prend une photo?

Je pense mettre égaré dans la folle course à la technologie, à l’efficacité et à l’ergonomie. Certes il m’est indispensable d’exploiter ce fabuleux outil qu’est le numérique, et il m’est aujourd’hui impensable de travailler sans mon appareil dernier cri, mais j’ai la sensation d’avoir perdu de vue l’élément premier qui faisait la richesse de mes instants suspendu dans le temps. Cette recherche est purement personnelle et n’influe que très peu sur ce que j’aime créer professionnellement. Si j’aime autant cet art, c’est pour la réflexion complexe est paradoxalement simpliste qu’elle nécessite, c’est de pouvoir prendre le temps de poser mon regard et de laisser la lumière dessiner, c’est de pouvoir transformer un instant précis en un moment de vie qui m’a fait vibrer et que j’ai pleinement vécu en une histoire visuelle. Et pour retrouver cette sensation qui m’est chère, le retour aux bases de la photographie est à mes yeux une évidence. 

Quoi de mieux que l’argentique pour renouer avec l’intemporel? 

Naissance d’une passion

Lorsque j’ai entrepris de m’essayer à la photographie en 2011, l’euphorie des débuts m’a poussé à tout essayer, à tout photographier et avec tout ce qui était en mesure de capturer un instant. Dans le buffet de la maison familiale se trouvait un véritable trésor à mes yeux, les vieux appareils argentiques de mon père. Ses fidèles Olympus OM-1 et OM-2 l’ont accompagné au grès de ses voyages, des bords de mer aux plus hautes cimes. Je n’ai à l’époque qu’effleuré la surface de la pratique argentique, trop occupé à explorer le monde infini qu’offre la photographie, sans peur de gaspiller des pellicules. 

Ce n’est que récemment, avec le besoin de ressortir de la voie numérique, que j’ai entrepris de libérer ces appareils de leur prison de cuir. Dormant depuis des années, les revoici à la lumière du jour, et me voila, avec l’émotion immense d’aligner mon regard à celui de mon père.

Un nouveau monde s’ouvrait à moi, un monde créatif, exigeant et authentique.

Il fallait que je les essaye tous! Ils avaient tous une spécificité, une âme. J’ai donc commencé avec l’idée de changer de boitier à chaque pellicule terminée afin de continuer à aiguiser mon regard, mais aussi de le confronter aux contraintes et avantages de chaque appareil. De là est née une passion grandissante pour ce processus de création, pour le rendu si authentique et merveilleux, pour ce grain, mais également par les appareils permettant d’obtenir un tel résultat.

Toujours porté par l’envie dévorante de continuer l’exploration du monde argentique, j’ai cherché à essayer de nouveaux appareils, de nouvelles focales, de nouvelles pellicules et de nouveaux formats. Habitué au format “classique” 24x36 et au pellicule 35mm, je suis naturellement allé du côté du moyen format et des ratios d’image qui me sont inconnus.

Nouveau challenge, apprivoiser le format 6x6 et 6x4,5 que m’offrent le Kiev 60, le Bronica S2 et le Bronica ETRS.